Cartes sur table
31 mars 2022A quelques jours du 1er tour de la présidentielle qui se déroulera le 10 avril 2022 dans un contexte où l’on ressent encore vivement les effets de la crise sanitaire qui n’est pas terminée, et sur lequel est venue se greffer la guerre suite à l’agression russe contre l’Ukraine, deux évènements qui mettent en danger l’humanité mais qui sont traités de telle sorte qu’ils apparaissent fertiles pour ceux dont l’intérêt est de fabriquer à la fois de la peur et de la propagande afin de tirer, pensent-ils, quelques avantages électoraux, il est temps de mettre pragmatiquement cartes sur table.
1 Il est clair que les candidats des appareils PCF, PS et EELV maintiennent leurs candidatures pour empêcher Mélenchon d’accéder au second tour.
Je le dis depuis le début et cela apparait de façon limpide à quinze jours du scrutin. Et ce n’est pas une question de personne, mais une question de fond au-delà même des programmes. En effet que produirait l’accès de Mélenchon au second tour ? Deux impacts essentiels et nécessaires significatifs d’un réveil salvateur des citoyens quant à leur implication dans la chose politique et leurs rapports à celle-ci après des décennies d’asthénie et de résignation :
-un impact psychosociologique majeur déclencheur d’une ample onde de choc qui irait mobiliser très loin dans les profondeurs du pays donnant toutes ses chances à un second tour victorieux pour l’application d’un programme de rupture. Aucun des appareils cités ne veut de cette rupture ni de cette mobilisation c’est-à-dire de cette prise de conscience de tous les possibles par les citoyens eux-mêmes car cela remettrait définitivement en cause leur schéma politicien classique basé sur le paternaliste et dominateur « nous on sait, vous non », un schéma fait de compromissions le plus souvent au détriment des gens, sans courage ni vision audacieuse, prioritairement axé autour de la sauvegarde de leur chapelle partisane.
-un impact politique déterminant car libérateur d’un chantage ancré depuis 2002 dans la politique française, celui du barrage à l’extrême droite au second tour. Avec Mélenchon au second tour ce fameux barrage à l’extrême droite aura été fait dès le 1er tour par les citoyens qui auront voté « pour » un programme permettant par la même occasion d’ouvrir sur le second tour un vrai débat de société au lieu de se retrouver une nouvelle fois dans un cul-de-sac, camisolés par deux programmes économiques néolibéraux prédateurs des conquis sociaux, du vivant et de la planète dont les porteurs sont mus en plus par un mépris détestable de classe pour l’un et de race pour l’autre.
Tous ces appareils cités ne veulent absolument pas voir se réaliser un tel scénario libérateur. C’est tellement plus confortable un second tour Macron/Le Pen qui permet, sous couvert du danger de l’extrême droite aux portes du pouvoir (brrr !), d’appeler à voter Macron, drapés dans une dignité mal assurée avec des trémolos dans la voix et sans honte, ce qu’il aurait été difficile de faire dès le 1er tour s’ils n’avaient pas présenté de candidats. Leurs candidatures seraient donc un camouflage avant de devenir un camouflet. D’ailleurs, tous répètent à l’envie que dans ce cas de figure ils appelleraient à voter Macron. Mais alors, dites-moi, si mettre Le Pen hors-jeu est vital pour le pays (et ça l’est) pourquoi ne pas retirer vos candidatures afin que le mieux placé à gauche, Mélenchon, soit sûr d’être au second tour ? Et bien justement, c’est là qu’on se rend compte que le confort décisionnel disparait puisque même aujourd’hui, par anticipation d’un second tour Macron/Mélenchon, Jadot et Hidalgo refusent de répondre en critiquant surtout ce dernier. Quant à Roussel il dit qu’il voterait Mélenchon mais ne fait rien pour l’aider à accéder à ce second tour.
2 Les partis PCF, EELV et PS plus préoccupés par le sombre avenir de leurs organisations que de celui du pays et de ses habitants ne prendront donc pas leur responsabilité historique de retrait et d’appel à voter pour celui qui flirte déjà avec le second tour à 15,5% à savoir Jean-Luc Mélenchon.
Cette situation ubuesque ne peut donc être tranchée que par les citoyens eux-mêmes, plus précisément par ceux qui ne se sont pas encore décidés, ceux qui vont changer d’avis, ceux qui sont toujours électeurs intentionnels (sondages) pour Hidalgo, Roussel et Jadot et enfin ceux qui lorgnent encore vers l’abstention
Autrement dit cette responsabilité historique pèse tout entière sur les épaules de chaque citoyen qui devra mesurer le poids décisif de son acte civique dans l’isoloir.
Selon le choix qui sera fait par les électeurs aux profils évoqués ci-dessus
ou bien nous aurons un second tour mortifère identique à celui de 2017 et au final un quinquennat qui fera passer le précédent pour une agréable promenade de santé, ce qui n’est pas peu dire
ou bien un second tour avec la présence de Jean-Luc Mélenchon dont la force de conviction, la pertinence des arguments et de l’analyse et la justesse des propositions démontrant qu’un autre monde est possible, créeront un formidable appel d’air nous propulsant vers la victoire.
Ce scénario un moment très hypothétique est devenu aujourd’hui tout à fait possible. Trois points séparent encore à ce jour Mélenchon (15,5%) de Le Pen¨(18,5%) autant dire que tout se jouera dans la marge d’erreur inhérente aux sondages et ce d’autant plus que tous les sondages des élections précédentes ont montré que ceux du RN ont toujours été surévalués, les résultats réels étant bien inférieurs aux prévisions.
Un dernier point auquel il est aussi décisif d’être attentif. L’onde de choc nationale que créerait l’accès de Mélenchon au second tour régénèrerait instantanément la vision, aujourd’hui dégradée, qu’ont les peuples étrangers de notre pays. Ils verraient poindre de nouveau le siècle des Lumières réchauffant la Déclarations des Droits de l’Homme et du Citoyen et illuminant sa devise fondatrice « Liberté, Egalité, Fraternité ».
Et avec la victoire au second tour, de nouveau la France parlerait au monde !