Du côté de la « gauche traditionnelle » les candidatures à l’élection présidentielle de 2022 poussent comme des champignons.  Au départ je voulais d’ailleurs titrer « Mycose de candidatures » mais après deux ans de pandémie la référence à une forme d’infection m’est apparue d’une pesanteur inopportune.

Le titre, « Le cliquetis des seconds couteaux », est plus conforme à cette théâtralité politique qui se déroule sous nos yeux où nous voyons s’exécuter une sorte de danse macabre d’hommes et femme de mains sans aucune envergure, aux lames émoussées à force de jouer le même scénario. Leur mission : pérenniser le système néolibéral en tentant, en plus grand nombre qu’en 2017, d’empêcher mathématiquement Jean-Luc Mélenchon d’accéder au second tour de la présidentielle de 2022 car le danger ressenti par le système est encore plus imminent  aujourd’hui qu’hier.

 

Et qu’on ne s’y trompe pas : ce n’est pas parce que le personnage les hérisse, les agace, ne leur plait pas, qu’il leur apparait comme égotique voire parfois tonitruant, NON ! Et même s’il y a un peu de tout ça c’est pour mettre ces aspects  en avant et se complaire dans la psychologisation du candidat LFI espérant ainsi entourlouper les citoyens en les éloignant du fond du débat par ce méprisable rideau de fumée car, pensent-ils, ceux-ci ne sont réceptifs qu’à la superficialité et à l’apparence souvent fabriquées.

En réalité ce plan n’a rien de personnel. C’est un plan à visée politique et politiquement concerté : il est uniquement mis en œuvre pour éloigner le risque pour eux et le système qu’ils soutiennent de voir, avec Mélenchon au second tour, à la fois une déferlante d’espérance des « oubliés » c’est-à-dire la fin de la résignation et/ou des égarements sur des chemins de traverse et la mise en place d’un programme de profonde transformation sociale, institutionnelle, économique et écologique dont les différents axes et idées émanent de centaines de milliers de citoyens eux-mêmes, de syndicats, d’associations qui ont participé à son élaboration.

Cette multiplicité de candidatures et le refus de discuter sur la base d’un programme de rupture nécessaire sont donc d’abord la manifestation d’un choix et d’une responsabilité politiques d’appareils politiciens en déliquescence devenus totalement étrangers à leurs valeurs historiquement structurantes, totalement coupés de la vie réelle des gens et qui se sont de fait auto-placés en soins palliatifs pour une longue agonie neuronale laissant ainsi la main à quelques exécutants chargés de jouer une pantomime scélérate, celle des seconds couteaux du système.

 

Le personnage Roussel, déguisé en communiste et flanqué du dossard 1%, arpente la scène tantôt en manifestant son soutien aux policiers factieux à une encablure de Zemmour, tantôt en déambulant côte à côte avec Pécresse invitée à la Fête de l’Huma (!), lui tapotant sur l’épaule en la félicitant d’être aussi pour l’augmentation des salaires créant ainsi un énorme quiproquo (effet théâtral bien connu) puisque Pécresse avance l’idée de supprimer massivement les cotisations sociales pour augmenter les salaires nets c’est-à-dire tout simplement, si j’ose dire, la destruction de la SECU créée par A. Croizat ! Puis le triste sire se fonde dans le chœur des néolibéraux effarouchés venant à la rescousse de Buzyn qui devrait, selon eux, être jugée par ses pairs politiciens et non par les juges !

Le personnage Hidalgo, déguisée en socialiste et flanquée du dossard 7%, occupe la scène en tentant de faire oublier la grande admiration qu’elle porte au préfet Lallemand, éborgneur et arracheur de mains, s’opposant au rétablissement de l’ISF afin de préserver ses accointances avec le grand patron du CAC 40 Bernard Arnault (LVMH) confirmant ainsi son attachement au libéralisme économique, soutenant également les policiers factieux, manifestant une indulgence coupable avec Lafarge, entrepreneur qui a collaboré avec Daesh et participant à la lamentable Busynade.

Le personnage Jadot, déguisé en écolo et flanqué du dossard 6%, aime bien aussi les policiers factieux. Par ailleurs il ne cesse de rabâcher ses mesures écologistes qui rendent tout à fait illusoire sa transition dans le cadre de son « capitalisme vert ». Le système ainsi maintenu s’accommodera de ses « mesurettes » transitionnelles, les détournera et poursuivra son œuvre de destruction des humains et de la planète, quand il faut au contraire des mesures fortes pour une incontournable bifurcation impactant l’économie et les process de production et donc le capitalisme. Face au désastre qui s’avance, avons-nous besoin d’un Sisyphe de la parole, qui plus est Macron compatible, compromettant notre avenir ?

 

Quand les sondages actuels(1) donnent Mélenchon loin devant entre 13 et 15%, il est clair que les pourcentages prêtés aux 3 candidats ci-dessus manquent à JLM pour être au second  tour, et c’est bien le but de leur jeu.

Mais la campagne électorale est un élément dynamisant : c’est elle qui avait permis à JLM d’atteindre 19,5% en 2017. Donc rien n’est joué et le résultat final favorable, malgré ce florilège de candidatures pour un échec espéré, relève quant à lui de la responsabilité directe des citoyens qui, par leur décision, peuvent contourner ce piège mortel de la division et de la résignation, en laissant sur le bord de la route ces candidatures qui sont une contribution au duo Macron/Le Pen et en s’extrayant de l’illusion que l’abstention rend colère l’oligarchie et ses serviteurs politiques zélés alors qu’elle les aide au plus haut point. Rien n’est joué d’autant plus que la barre d’accès au second tour va probablement être inférieure à celle de 2017

 

La question de fond n’est pas la personne de JLM mais le programme de rupture qu’il porte et qu’il faut mettre en œuvre, la situation l’exige, c’est même une urgence ! Il ne suffit pas d’égrainer des mesures dont certaines peuvent être même sympathiques, comme le font les candidats ROJAHI(2) et qui pour certaines  se retrouvent dans le programme Avenir En Commun. Encore faut-il qu’elles passent du stade « sympathique »  à celui de « réalisable et crédible » et pour cela elles doivent s’inscrire dans le cadre de décisions fortes et fondamentales qui permettent leur réalisation, à savoir l’instauration d’une 6ème République avec convocation d’une Constituante, la désobéissance aux traités européens qui seraient un frein, la mise en œuvre d’une bifurcation écologique qui impacte rapidement et en profondeur la production industrielle et de service, l’agriculture, l’énergie.

Or les ROJAHI sont catégoriquement partisans du maintien de la monarchie présidentielle et de toutes ses institutions, du maintien de l’Union Européenne telle qu’elle fonctionne aujourd’hui avec ses traités de libre échanges prédateurs et sa vision financière, et parlent du bout des lèvres d’une transition écologique c’est-à-dire d’une vision dont l’écart opérationnel avec les enjeux est abyssal.

Ainsi, vous l’aurez compris, la plupart de leurs propositions à court, moyen et long terme ne pourront être réalisées. De fait ILS VOUS MENTENT !

 

Et je ne parlerai pas de Montebourg ou possiblement de Le Foll, Royal ou Filoche, qui viennent renforcer, enfin si on peut dire, le barrage anti Mélenchon. S’il faut ces renforts supplétifs pour espérer empêcher le changement profond et durable c’est que la victoire de l’Union Populaire portée par Mélenchon est crainte et possible!

 

Le rassemblement peut se faire directement au 1er tour autour du programme Avenir En Commun : il suffit que le peuple le veuille et le décide en franchissant l’écran des diversions et de ses propres lassitudes.

 

(1)Juste une précision : un dernier sondage donnait JLM à 7,5%  juste avant le débat avec Zemmour alors que quelques jours avant il était donné à 13%. Il est clair que nous allons assister à une guerre psychologique et donc manipulatrice à travers ces indicateurs. Celui-là en fait partie. Il fallait montrer qu’une part de l’électorat de JLM rejetait vivement ce débat. Le sondeur a donc éliminé de son calcul final tous ceux qui avaient préalablement indiqué qu’ils n’étaient pas sûr d’aller voter (pas qu’ils ne voteraient pas !) alors que des études ont montré que l’électorat de JLM très majoritairement s’agglomère au fil de la campagne et qu’il se décide tardivement. Cette façon de faire est une véritable escroquerie : ce n’est pas parce que l’on n’est pas sûr d’aller voter que l’on n’a pas une préférence de candidatures. D’ailleurs les autres sondeurs  ne pratiquent pas ainsi même s’ils ont d’autres méthodes très discutables comme les fameux « ajustements » qui donnent soit disant un résultat proche du réel, toujours défavorable au candidat LFI que le vrai résultat de 2017 a vertement contredit.

 

Mais la manipulation continue : le 29 septembre 2021 un sondage montre un Zemmour à 13% (+3) et c’est l’emballement médiatique, uniquement centré sur ce résultat. Or ce sondage fait apparaitre Mélenchon à 13% soit +6,5 par rapport au sondage précédent et peu importe si ce nouveau résultat émane du même institut ou pas. Les médias balancent des chiffres sans expliquer les données techniques de l’enquête, ce qui leur importe c’est leur buzz et son impact sur les esprits. Donc rien sur JLM et rien sur un autre élément majeur : la barre d’accès au second tour baisse vertigineusement par rapport à 2017. Un élément essentiel pourtant. Ces éléments montrent que l’on peut être optimiste !

 

(2)ROJAHI : Roussel, Jadot, HIdalgo

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