A la veille des élections américaines et le prisme à travers lequel en rendent compte les médias français il m’a pris une furieuse envie de m’exprimer à travers ce billet d’humeur politique.

D’autant que cet instant historique me rappelle fortement un instant similaire en France, celui où se sont affrontés en 2012 le « bling-bling » conservateur qui depuis 2007 avait cassé les codes et franchi les lignes rouges et le « normal », capitaine de pédalo qui a finalement plus utilisé le scooter que le train tout en prônant le « changement c’est maintenant ». Et on a vu le résultat dont les ondes dévastatrices ont permis au pouvoir macroniste d’amplifier le désastre.

 

Alliés à leurs homologues américains, les médias français, à l’occasion de cette présidentielle américaine, nous donnent à voir depuis des mois un combat entre le méchant Trump et le gentil Biden dans un parti pris évident sécurisé par des sondages très favorables au gentil. A la vérité nous sommes dans une situation similaire à celle de 2016 où tous les sondages donnaient Hilary Clinton gagnante. Ce manque de prudence lié à un aveuglement partisan devient une caractéristique forte de nos médias et spécialistes experts en tout genre.

Malgré mon aversion pour ce personnage et pour son idéologie, oui Trump peut encore gagner d’autant que le système américain n’implique pas, jusqu’à un certain point, de victoire assurée avec une majorité de voix des électeurs sur l’ensemble du pays : c’est le décompte majoritaire des grands électeurs élus dans chaque Etat qui désigne le Président.

 

Biden a largement ses chances mais il semblerait que ce soit plus par réaction anti-Trump que par adhésion à sa propre candidature. Les américains vont semble-t-il réagir comme l’ont fait les français en 2012 : le rejet viscéral de Sarkosy fait que Hollande va être élu. Mais pour quel résultat ? Et c’est là que la propagande des bien-pensants vous explique que le choix ne peut se faire qu’entre le pire et le moins pire, et pour le coup pour les américains le moins pire c’est Biden.  Sauf que dans le moins pire il y a déjà du pire.

Et de la même façon que Hollande a mené une politique ultralibérale et répressive poursuivie et aggravée par son rejeton politique Macron, Biden ne va rien changer ou presque dans la façon de mener le pays face aux grands intérêts des requins et lobbys financiers sans parler des problèmes internationaux, géopolitiques et climatiques qui ne feront que s’aggraver faisant ainsi monter les tensions planétaires. En réalité qu’ils soient conservateurs teintés ou pas de populisme ou socio-démocrates, ils sont tous ultralibéraux pour mener une politique qui ne prend pas en compte les besoins et aspirations populaires ni la priorité de paix et de sauvegarde de la planète. Cette petite histoire parallèle et ressemblante entre les deux pays n’est pas un hasard : le parti démocrate américain est aux mains de cette tendance qui s’est au fil du temps de plus en plus soumise aux grands argentiers notamment depuis Bill Clinton, qui regroupe ceux qu’on appelle les « clintonniens » qui ont créé des alliances internationales dont font partie Hollande et ses amis du PS français dont bon nombre ont rejoint Macron.

 

Bref, que ce soit Trump ou Biden, l’avenir reste sombre.

 

Alors que faire devant de tels choix en trompe l’œil qui finalement se révèlent être des non choix car, en France comme aux USA, au final on doit choisir entre deux visages du libéralisme, l’un apparaissant plus ferme que l’autre mais ouvrant tous deux la voie au totalitarisme politique qu’il soit trumpiste, macroniste ou lepéniste.

 

La solution se situe en fait avant le pseudo choix final proposé : aux USA, ce sont les primaires, pour nous c’est le 1er tour. C’est à ce moment du processus que s’offre au peuple la décision qui peut amener pour l’élection finale un vrai débat et donc un vrai choix entre le libéralisme échevelé destructeur des humains et de la planète et la rupture plus ou moins avancée en fonction du pays avec ce libéralisme pour reconstruire une vraie communauté humaine.

 

Compte tenu des scénarios similaires qui se renouvellent on peut être amené à conclure que finalement le peuple ne veut pas d’un vrai choix. C’est à la fois plus compliqué que cette conclusion hâtive et plus simple quand on s’attarde sur les conditions qui président à ces campagnes électorales majeures : inégalités de traitement, coalition médiatique et idéologie libérale, hystérie et harcèlement médiatiques, informations fausses ou manipulées, montages de guet-apens médiatiques, campagne massive de dénigrement etc. qui frappent sans discontinuer le candidat qui est considéré par le camp néolibéral comme le danger.

Avec leurs nuances voire leurs différences, mais avec en commun l’humanisme et la défense de l’intérêt général et du bien commun et la dénonciation des inégalités sociales à cause de la dictature de la finance, c’est ainsi qu’ont été traités Bernie Sanders et Jean-Luc Mélenchon. Et le peuple n’a pas assez été attentif et vigilant pour ses propres intérêts.

 

Pour en revenir spécifiquement aux USA en ce 31 octobre 2020 et pour avoir suivi beaucoup plus que la moyenne des français la campagne américaine, je me permets de dire ceci :

Biden a pris l’avantage aux primaires démocrates parce que, quand l’appareil des instances du parti a vu le démarrage en trombe de Sanders aux premiers scrutins, les « clintonniens » ont décidé non seulement de s’associer aux campagnes médiatiques caricaturales et insultantes mais ont fait en sorte que les autres prétendants, y compris ceux qui étaient les moins éloignés de Sanders (les Hamon de là-bas), renoncent et se désistent tous pour Biden. Et ceux des électeurs démocrates qui ont voté ont malheureusement suivi ces directives. Pourtant, pendant les primaires, tous les sondages qui s’appliquaient à l’ensemble de la population et non aux seuls votants des primaires, donnaient Sanders gagnant dans un duel avec Trump alors que dans le duel Trump/Biden c’est Trump qui l’emportait. Il faut dire que dans ce combat complexe les américains ont un coup de retard par rapport à la France.

Avec Biden, s’il est élu, ils vont connaitre cette terrible et destructrice désillusion à la sauce « Hollandaise ».  Je rappelle que Biden s'est opposé à l'avortement, a voté un amendement visant à interdire l'accès des homosexuels à l'armée, fait adopter l'une des lois pénales les plus répressives (et aberrantes) de l'histoire des US, soutenu la guerre en Irak...

Quel que soit l’élu, il représente un monde finissant où vont s’accélérer des crises à répétition et va faire perdre 4 ans dans la réorientation du monde. Ca parait peu mais c’est déjà trop face aux menaces cataclysmiques qui s’avancent avec force et célérité.

 

Mais gardons espoir : Sanders sera trop âgé pour 2024 mais s’est déjà positionnée dans une belle perspective d’hérédité politique une battante déterminée régulièrement réélue à la Chambre des Représentants. Charismatique et intellectuellement brillante, en pleine ascension, dont l’acronyme A.O.C est depuis quelques années dans les têtes, c’est Alexandria Ocasio-Cortez qui aura alors 35 ans et à qui on peut décerner le fameux vers de Pierre Corneille « Aux âmes bien nées la valeur n’attend point le nombre des années ».

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